La Nintendo Switch est sortie ! C’est donc le moment idéal pour un dossier récapitulatif. Quelles en sont ses promesses, et surtout comment se mesurent-elles à la réalité ?
17 mars 2015. Le défunt Satoru Iwata annonçait le prochain projet de Nintendo, avec pour nom de code NX. Aucun vrai détail ne filtra. Seule nouvelle importante : c’est bien une console de salon que Nintendo développait, et non une console portable pour remplacer la 3DS.
Avance rapide vers le 13 Janvier 2017. Une conférence de Nintendo retransmise en direct sur internet présentait officiellement la console, officialisant la date de sortie : le 3 mars 2017 ! En la nommant Switch, Nintendo tente de transmettre l’esprit de la console à travers son nom. En anglais, « To switch » : échanger, transférer, transformer… Voyons dans ce dossier ce qu’il en est.
De l’importance du jeu
Commençons par la partie la plus importante : les jeux ! Même la meilleure des consoles au niveau technique n’ira pas loin sans jeux phares pour nous faire saliver. Voici donc la liste des jeux qui sont présents au lancement de la Switch en France :
Disponible en version boite
- The Legend of Zelda: Breath of the Wild
- Just Dance 2017
- 1-2-Switch
- Super Bomberman R
- Skylanders Imaginator
Disponible en version dématérialisée
- FAST RMX
- I Am Setsuna
- Shovel Knight : Treasure Trove
- Shovel Knight : Specter of Torment (DLC indépendant)
- Snipperclips – Les deux font la paire
- VOEZ
En fonction de vos envies, cela peut sembler peu… Et c’est effectivement moins que les générations précédentes. Sur Wii, 15 jeux étaient disponibles en Europe lors du lancement. Pour la WiiU, 26 jeux étaient présents, mais cela n’a pas assuré son succès à long terme ! Comme quoi…
Le problème ne réside peut-être pas dans le nombre, mais dans le public ciblé. Les fans de Nintendo vont se ruer sur Zelda et pourront profiter de l’excellent Shovel Knight, mais quid des autres ? Il semblerait que Nintendo table sur l’originalité du système et ses innovations pour susciter l’intérêt du public non gamer, avec notamment 1-2-Switch et Snipperclips. L’avenir nous dira si c’est un pari gagnant.
Notons les jeux annoncés pour ce printemps :
- Has-been Heroes : 28 mars
- Snake Pass : 29 mars
- LEGO City Undercover : 5 avril
- Mario Kart 8 Deluxe : 28 avril
- Puyo Puyo Tetris : 28 avril
- Constructor : 28 avril
- Disgaea 5 Complete : 26 mai
D’autres jeux emblématiques très attendus, tels que Super Mario Odyssey ou Splatoon 2, n’ont pas encore de date annoncée.
Les jeux indépendants qui arriveront plus tard sur le système ont également été révélés. On peut déjà voir sur cette liste beaucoup de jeux aimés des gamers ! On retrouve également Splasher et Mr. Shifty que nous avons déjà couvert.
De belles promesses
Au niveau technique, on ne peut pas reprocher à Nintendo son manque de vision. L’objectif annoncé est de rendre une console de salon complètement portative. La vidéo de présentation, visible ci-dessous, nous vend le rêve de pouvoir jouer à des jeux traditionnellement réservés aux salons partout ailleurs. Avec en prime, la possibilité de passer en plein jeu du mode « console de salon » au mode « portatif », sans délai ou perte de partie.
Pour certains, ça ressemble un peu à des fonctionnalités gadgets empilées les unes sur les autres. Le fait qu’il soit possible de jouer de multiples manières n’arrange rien :
- Les Joy-Con attachés sur le Joy-Con Grip
- Les deux Joy-Con, un dans chaque main
- Les deux Joy-Con, un par personne
- La manette « Pro »
Tout cela étant possible avec la console sur sa station de recharge, ou bien en mode portatif sur son trépied ! Confus ? C’est normal. Tout cela est bien plus facile à constater avec la vidéo ci-dessous.
Ces promesses confrontées à la réalité
Une fois les possibilités comprises, ces fonctionnalités paraissent tout de même assez séduisantes. Mais est-ce que ça marche en pratique ? Des journalistes et Youtubers ont reçu des modèles d’essai de la part de Nintendo et ont pu tester la console une semaine avant sa sortie.
Bonne nouvelle : le transfert de la console qui recharge sur sa station vers sa forme portative s’effectue bien instantanément. Dans l’autre sens, cela prend environ 5 secondes et reste donc très rapide. Les Joy-Con quand à eux se détachent et se remettent facilement. Côté durabilité, ils semblent pouvoir résister à l’usure du temps.
De plus, la tablette est effectivement très portative, pouvant par exemple facilement rentrer dans une poche intérieure de manteau. En utilisation, une fois le temps d’adaptation passé, ceux qui ont passé une semaine avec la Switch ont loué sa simplicité d’utilisation et son côté pratique envahissant. Jouer n’importe où à des jeux HD normalement réservés au salon est très alléchant pour ceux qui voyagent souvent !
Nintendo entend également ramener la convivialité dans le cœur des joueurs. Par exemple sur Splatoon 2, il sera possible pour 8 joueurs de jouer ensemble ! Il vous faudra faire l’acquisition d’un unique adaptateur ethernet Switch pour cela.
Nuages gris en vue
Mais tout n’est pas rose avec la Switch. Plusieurs journalistes rapportent quelques pertes de signal entre les Joy-Con et la console, dans des conditions normales d’utilisation. Il est difficile de déterminer si ce sera un phénomène répandu. Il est possible qu’une prochaine mise à jour du firmware, ou logiciel console, puisse résoudre le problème.
D’autres ont trouvé que les Joy-Con n’étaient pas des plus confortables pour les grandes mains. Reste à voir si c’est une question d’habitude à prendre, ou si l’achat de la manette « Pro », plus traditionnelle, deviendra indispensable.
La capacité de stockage interne de la machine est un autre point noir. La console est annoncée avec 32 Go de stockage, mais en l’effet seulement 25,9 Go seront disponibles, à cause du système d’exploitation. Zelda: Breath of the Wild prendra déjà 13,4 Go de ceux-ci, mais d’autres jeux annoncés sont plus conséquents. Ainsi la compilation Dragon Quest Heroes I-II demandera carrément 32 Go d’espace !
L’achat d’une carte microSD ou microSDXC sera donc indispensable à moyen terme, pour tout possesseur de Switch un tant soit peu dévoué. Précisons que tous les jeux ne seront pas aussi volumineux. Par exemple, Mario Kart 8 Deluxe est annoncé n’avoir besoin que de 8 Go environ.
L’annonce de la durée de vie de la batterie a également soulevé quelques interrogations. En effet, Nintendo avait annoncé autour de 3h de batterie sur le prochain Zelda. Après comparaison avec les consoles portables et tablettes existantes, c’est dans la norme ! En effet, si vous jouez à un jeu gourmand, c’est juste un peu en dessous d’une 3DS XL et mieux qu’un iPad. En veille, la batterie semble bien tenir, perdant 1% en moyenne pendant la nuit.
Nintendo n’aime pas rouler des mécaniques
On commence à s’y habituer, la firme japonaise ne mise pas sur la course à la puissance comme ses compétiteurs. Si Sony et Microsoft se battent à coups de gigahertz et de résolution d’écran, Nintendo a pris l’initiative depuis plusieurs générations de consoles de contourner cette rivalité à coups d’innovations. Même si la puissance brute n’est donc pas l’objectif, voici ce que nous savons des performances de la Switch.
D’après l’enquête poussée d’Eurogamer, la console serait par défaut moins puissante une fois retirée de son support. Précision importante, les développeurs peuvent choisir de passer outre cette limitation et d’utiliser les capacités maximales. La durée de la batterie s’en fera ressentir, et il y a fort à parier que le nouveau Zelda utilisera ce mode alternatif. Détail un peu inquiétant, on trouve déjà sur ce jeu quelques moments de chute à 20 IPS (Images Par Secondes). Reste à voir si c’est dû au système lui-même, ou au codage qui n’est pas encore perfectionné sur la console.
La résolution de la tablette est 720p, le mode télévision quand à lui varie de jeux en jeux. Ainsi si le prochain Mario Kart est annoncé en 1080p, Zelda plafonne à 900p. Avec 1020MHz de CPU, 768MHz de GPU, et 1600MHz de mémoire, il est clair que Nintendo oublie la course à la puissance. Du coup, la possibilité d’avoir de gros jeux multi-plateforme à la fois sur Switch et sur Scorpio, la future console surpuissante de Microsoft, s’éloigne à grand pas.
Pour les jeux les plus beaux graphiquement, beaucoup de travail sera donc nécessaire de la part des développeurs pour les adapter à la Switch, et il n’est pas sur que leurs éditeurs y soient enclin. Nintendo devra donc logiquement s’attirer les faveurs de développeurs et éditeurs qui devront soit adapter d’anciens jeux, soit développer des exclusivités pour la console. La compagnie à d’ores et déjà annoncé de nombreux noms reconnus dans le domaine, visibles ci-dessous.
Un paquet cadeau en kit ?
Les petits détails gênants semblent s’accumuler pour la Switch, et dressent un portrait mitigé de la console au lancement. Mentionnons maintenant le prix pour une expérience optimale :
- La console de base (aucun jeu n’est fourni) : 300€
- Un jeu : 50€
- Manette Pro : 70€
- MicroSD de 128Go pour compenser le stockage interne minuscule : 50€
- Pochette de transport et de protection pour la tablette : 20€
- Prix de l’abonnement annuel pour jouer en ligne : ~20€
Le prix total pour profiter pleinement de toutes les promesses de la Switch, et avoir un jeu tout de même, est donc de… 510€. Voir plus chez certains revendeurs.
Pour comparaison, Sony, toujours très joueur, a annoncé une baisse de prix de la PS4 pour « fêter » la sortie de la Switch. Une PS4 Slim 500Go, plus un jeu récent, plus l’abonnement en ligne, vous en coûtera au moins… 335€. Soit 175€ de moins ! Certains pourront argumenter que la PS4 était plus chère à sa sortie bien sur, mais c’est dans le marché actuel que Nintendo s’insère. La différence de prix avec la PS4 et la Xbox One a donc de quoi inquiéter.
Il faut néanmoins se rappeler que la Switch est un système qui se veut inédit, mi-console de salon, mi-console portable. Ainsi, Nintendo espère contourner les attentes des deux catégories et créer un nouveau marché « hybride ». Sur ce point, les prix assez élevés imputables aux innovations techniques sont plus compréhensibles. Et si cette stratégie réussit, le constructeur deviendrait le premier et seul acteur de cette nouvelle vague !
To Switch or not to Switch?
Au final, que penser de la console ? En l’état actuel, je vous conseillerais de l’acheter si vous :
- Êtes un fan des jeux Nintendo traditionnels (Zelda, Mario, etc).
- Avez l’opportunité d’y jouer en voyageant, ou en groupe à plusieurs Switch.
- Avez les moyens d’investir dans tous les accessoires coûteux.
La Switch est une console extrêmement ambitieuse en tous points. Cependant, cette ambition coûtera cher aux joueurs lorsqu’ils passeront à la caisse ! Mais si la Switch s’installe durablement, Nintendo annonce un avenir vidéo-ludique prometteur. En effet, les nombreux partenaires de renom semblent prêts à développer des jeux de qualité pour celle-ci. Après le lancement chaotique de la WiiU et sa pénurie de jeux, on ne doute pas que Nintendo ait appris de ses erreurs.
Chaque lancement d’une nouvelle console soulève beaucoup de questions, et la Switch ne déroge pas à la règle. Si la console semble soulever plus d’interrogations que d’habitude, c’est à cause de ses fonctionnalités innovantes. Les premiers chiffres des ventes mondiales sont encourageants, reste à espérer que cela dure !
Laisser un commentaire